Le Journal du Mémorial

"Ne demandons pas à Dieu pourquoi de tels hommes devaient mourir à la guerre... Laissez-nous plutôt remercier Dieu que de tels hommes aient vécus..."
Général George S. Patton

Louis Marcellin Triau

Lien de parenté : arrière-grand-père coté paternel (Voir Petit Arbre Généalogique)

Né le 17 Novembre 1881 à La Roche-sur-Yon (Vendée)
Décédé le 20 Aout 1917 à Louvemont (Meuse)
      lors de la seconde bataille de Verdun
Inhumé le 03 Juillet 1922 au Carré Militaire de Nantes
La Bouteillerie : Section UU, 3ème rang, Tombe 31
Marié à Alphonsine Carré
Enfant : Roger Louis (1906-1994)
Religion : Catholique
Profession : Comptable

Décoré de la Croix de Guerre avec étoile de bronze


Père : Marie Louis Gustave Marcellin Triau
Mère : Angélique Dellia Prouteau

Classe = 1901 - Recrutement : Nantes - Matricule : 3103
N°Matricule au corps : 012343
Grade : Sergent

1914
    Appelé dans l'activité le 18 novembre 1914

1915
    Affecté au 51ème régiment d'infanterie le 20 Mars 1915

    Nommé Caporal le 1er Juillet 1915
    Nommé Sergent le 21 Octobre 1915

    Champagne :
        Ravin des Cuisines, cote 196 (Mars)
        Woëvre : Marchéville, tranchée de Calonne (Avril)
        Tahure, butte de Tahure (sept-oct)

1916
    Affecté au 287ème régiment d'infanterie le 15/3/1916
    13ème compagnie, 4ème Bataillon

    Bataille de Verdun
            Mort-Homme (avril - juin)

    Blessé au thorax, le 14/8/1916
    Affecté au 10ème régiment d'infanterie territoriale le 23 Octobre 1916

1917
    Repassé au 287ème régiment d'infanterie le 22 Mars 1917

    Bataille de l'Aisne
            Attaque sur Berry au Bac (Chemin des Dames, offensive Nivelle du 16 avril)
    2ème Bataille de Verdun
       Bois des Fosses, Bois de Beaumont
            17- 29 août
                 Occupation d'un secteur vers Louvemont et la ferme des Chambrettes.
            20 et 26 août
                 Avance vers Beaumont.

J'ai récupéré sur le site SGA, le journal de marche du régiment concernant Août 1917.

VERDUN - AOUT 1917
13ème compagnie, 4ème Bataillon, 287ème régiment d'infanterie

    7 Août : Exercice de passage en chambre à gaz.
    14 Août : Les mouvements des IV et V bataillons pour monter en secteur sont
                   retardés par suite de mauvais temps, gênant la préparation d'Artillerie.
    17/18 Août : Dans la nuit du 17 au 18 Août, le IV bataillon est embarqués en camions
                        à Varney et se rend à Verdun (Fg Pavé)
    18/19 Août : Dans la nuit du 18 au 19 Août, le IV Bataillon monte en secteur à coté du
                         VI Bataillon , qui y est déjà et qui se serre sur la droite. Mouvement
                         long et pénible par suite de bombardements ennemis par obus toxiques.
    19 Août : Toujours grande activité d'Artillerie de part et d'autre.

   
20 Août 1917 : Jour de l'attaque.(J)
         A 3h30,le dispositif d'attaque est réalisé et tout le monde est à son poste attendant
         l'heure H, qui est fixée à 4h40.
         4h40 : Les vagues d'assaut se portent en avant suivant le plan d'engagement et le
         régiment conquiert tous ses objectifs. Il fait 324 prisonniers dont 9 Officiers et 12
         Mitrailleuses.
         Au cours de l'enlèvement des lignes allemandes, des combats acharnés ont lieu
         pour faire tomber les îlots de résistance. Tous ces îlots munis de Mitrailleuses sont
         attaqués et manœuvrés à la grenade et au V.B
         L'ouvrage du Coran, la tranchée de Mahomet sont conquis de vive force par le
         IV Bataillon à la suite de violents combats à la grenade.
         La liaison est établie à l'Ouest avec le 155ème et à l'Est avec le 8ème B.C.P.
         Aussitôt le terrain conquis, il est procédé à son organisation.
     Pertes :
         13ème Compagnie : 6 tués, 13 blessés et 1 disparu
         Au total, ce jour là le 4ème bataillon a décompté : 58 tués, 233 blessés et
         40
disparus.
         Je les ai tous comptés !!

L'ouvrage du Coran
19 Août 1917
(Photo prise à 500mt d'altitude,
par l'Escadrille F 5
La Tranchée de Mahomet
23 Aout 1917
(Photo prise à 500mt d'altitude,
par l'Escadrille F 41)  
Louvemont
17 Août 1917
(Photo prise à 2500mt d'altitude,
par l'Escadrille F 41)
     

Lignes Françaises et Allemandes le 20 Aout (et après)
(Site Les Escadrilles Françaises de la Grande Guerre)

Pour la petite histoire
   - Louvemont-Côte-du-Poivre (55100 - Lorraine - Meuse)
        Cette commune ne possède aucun habitant. C'est l'un des neuf villages français
        détruits durant la Première Guerre mondiale qui n'a jamais été reconstruit.
        Déclaré « village mort pour la France » à la fin des hostilités, il fut décidé de
        conserver cette commune en mémoire des évènements qui s'y déroulèrent. La
        commune est aujourd'hui administrée par un conseil de trois personnes désignées
        par le préfet de la Meuse.

Documents
Fiche SGA Journal de marche du régiment
Pertes du 20 Aout 1917
(avec son nom en bas à droite)
Plan d'engament
du régiment
6 Août 1917
Plaque commémorative Eglise Sainte-Croix de Nantes Registre des matricules
Nantes
 
   
     
Croix de Guerre 1914-1918
(avec étoile de bronze)
  Extrait de l'arrêté en date du 30 Octobre 1921,
publié au journal officiel du 05 Février 1922

"Sous-officier d'élite. A été tué à son poste de combat,
le 20 août 1917"
Document récupéré auprès du Bureau Central d’Archives
Administratives Militaires, Caserne Bernadotte, 64023 PAU CEDEX 
   
   
Journal des Marches et Opérations
du 287ème Régiment d'infanterie.
(site SGA / Mémoires des Hommes)
4ème Bataillon Du 3 au 13 Août Du 14 au 18 Août
18 Août 19 Août 20 Août -1
20 Août -2 20/21 Août  
 
     
Localisation
Offensive Française du
20 Aout 1917
Louvemont-Côte-du-Poivre Dispositif d'attaque du
20 Aout 1917
Photos
Louvemont-Côte-du-Poivre
Avant guerre 
Louvemont-Côte-du-Poivre
Tranchée 
Louvemont-Côte-du-Poivre
Plaque commémorative 
     
     
Carré Militaire de Nantes
La Bouteillerie

(Merci à Olivier C. pour m'avoir fait des photos de sa tombe)
     
     
Résumé du déroulement de la journée du 20 Aout 1917

LA VICTOIRE DU 20 AOUT DEVANT VERDUN
Une bataille qui, sur un front de 18 kilomètres, réalise une avance de 1 500 à 3 000 mètres, qui nous rend d'un coup les villages de Cumières, de Champ, de Champneuville, qui nous remet en possessions de tant de lieux historiques: les bois de Malancourt, d'Avocourt, le bois Gamard, le bois de Cumières, le ravin des corbeaux, la côte de l'Oie et celle du Talou, et qui nous rend maîtres enfin de deux points primordiaux: le massif du Mort-Homme, sur la rive gauche de la Meuse, et la cote 344, sur la rive droite, une telle bataille est un succès de première grandeur. Le nombre des prisonniers approche déjà de 6 000, dont 116 officiers. Le 20 août a été devant Verdun une glorieuse journée.

LES FORCES ENNEMIES ET LA PREPARATION
L'ennemi, qui s'attendait à ce coup, avait tout fait pour y parer. Il disposait en face de nous de cinq divisions en réserve et de plus de 400 batteries. Depuis un mois, il harcèle nos arrières et contrebat notre artillerie avec des pièces de gros calibres ; il fait sur nos batteries et sur nos premières lignes la plus large dépense de gaz lacrymogènes et asphyxiants. Il entend résister avec la dernière énergie. Cependant, notre préparation, commencée depuis quelques jours, prend depuis vendredi, à la faveur du temps qui se remet au beau, une violence extraordinaire. L'artillerie ennemie est nettement maîtrisée. Nos pièces monstres de 370 anéantissent les villages, dont l'ennemi a fait autant de forteresses et de réduits, tandis que nos mortiers de 400 pétrissent et triturent l'immense citadelle du Mort-Homme, avec ses  galeries redoutables et organisations souterraines. Déjà l'ennemi commence à chanceler. Plus de 100 déserteurs se présentent dans nos lignes. Un peloton se rend tout entier, gradés en tête. Détail piquant: un nouveau groupe, qui se rendait le lendemain, apporta la correspondance des premiers ; Nos troupes quoique fatiguées par la pluie du début de la semaine, éprouvées par les gaz mais sûres de la victoire, montraient un moral magnifique. Le feu, dans la journée de dimanche, atteignit un degré d'intensité inouï.

LE MORT-HOMME ET LA COTE DE L'OIE
L'attaque se déclencha lundi dans la brume, à 4 h 40 du matin. D'un seul bond, nos soldats
atteignaient et dépassaient leurs objectifs du premier jour. A l'extrême gauche, ils pénétraient
profondément dans le bois de Malancourt et débordaient à gauche la fameuse cote 304. Plus à droite, une autre division, par une manoeuvre magnifique, débordait la cote de l'Oie, tandis que les Zouaves et Tirailleurs, dans un élan prodigieux, enveloppaient, enlevaient la double hauteur du Mort-Homme, ces deux sommets illustres (295 et 265), théâtres de tant de sanglants combats. Nos reconnaissances poussaient jusqu'aux batteries ennemies du ruisseau de Forges, faisant sauter huit mortiers, et revenaient avec les culasses. Toute la garnison du tunnel était enfermée dans son terrier ; on prenait là deux chefs de bataillon et un capitaine de génie, ingénieur en chef du tunnel.

LE TALOU ET LA COTE 344
Sur la rive droite, le Talou et la cote 344 formaient le centre de l'action ; c'est là que la bataille atteint sa plus grande intensité. On avait placé là les mêmes troupes qui, le 15 décembre, avaient enlevé la côte du Poivre. Les Allemands avaient créé sur toute la crête un chapelet d'ouvrages défensifs que notre bombardement les avait contraints d'évacuer. Mais la distance à parcourir sur ces colonnes bouleversées était à elle seule un obstacle. L'ennemi nous submergeait de gaz. Les troupes déployèrent dans ces circonstances une énergie surhumaine. Elles chargèrent avec leurs masques et enlevèrent ainsi trois kilomètres en moins d'une heure ; la cote 344 fut ainsi d'abordée par cet assaut de troupes masquées.
2 Les nouvelles de notre victoire furent apportées au PC du général de division par les premiers prisonniers qui vinrent nous dire "que tout allait bien pour les Français".

LES GENERAUX FAYOLLE ET GUILLAUMAT
Des contre-attaques se sont produites dans la soirée à plus de huit reprises différentes en vagues  profondes d'assaut. Toutes ont été impitoyablement brisées sous nos feux d'artillerie, de mitrailleuses et de grenades sans qu'un seul pouce du terrain conquis ait pu être repris par l'ennemi. La résistance et la réaction ont été telles que sur un secteur restreint nous avons pu faire plus de 6000 prisonniers, indépendamment des pertes effroyables causées par notre feu. L'armée de Verdun ajoute ainsi à ses fastes illustres une nouvelle date de victoire. A la liste glorieuse des vainqueurs de Verdun viennent s'ajouter les noms du général FAYOLLE et du général GUILLAUMAT. Le général en chef affirme à nouveau son commandement sur le même champ de bataille où il a successivement commandé une armée et un groupe d'armées.

LA COTE 304
D'un seul élan, nos troupes, attaquant le 23 août entre le bois d'Avocourt et le Mort-Homme, ont enlevé la cote 304 formidablement organisée et le bois Gamard. Poussant plus avant, au nord de la cote 304, nous avons progressé sur 2 kilomètres de profondeur jusqu'au ruisseau de Forges, et sur 1 kilomètre au nord du Mort-Homme. La nuit suivante, nos troupes ont enlevé trois ouvrages fortifiés au sud de Béthincourt et fait 450 prisonniers. C'est une splendide avance qui complète nos récents succès. Nous voilà en excellente situation des deux côtés de la Meuse. Enfin, une nouvelle attaque et une nouvelle avance de nos troupes devant Verdun sur la rive droite de la Meuse, nous a permis d'atteindre la lisière sud du village de Beaumont après avoir enlevé les défenses allemandes sur un front de 4 kilomètres et sur un de profondeur.

 
A la suite de cette magnifique victoire, le général PETAIN, commandant en chef des armées du Nord et du Nord-est, a été nommé grand croix de la Légion d'honneur

 

Document : Devant Verdun - 20 Aout 1917

 

Eric Triau